Nous vivons dans un monde de plus en plus « connecté », « numérique », « digital », « 2.0 »… peu importe le vocabulaire, le fait est que les technologies issues de l’informatique et d’internet sont de plus en plus présentes. Les avantages sont nombreux, mais accompagnés d’inconvénients majeurs : la rétention des données et la perte de l’anonymat.
D’abord, une parenthèse : si on parle de « version 2.0 », c’est qu’il y a une version 1. Et même une version 0 pour certains. Exemple avec le courrier :
- la version 0 est le courrier classique : en papier, avec timbre, boite aux lettres, facteur, etc. Aucune connexion internet ni outil informatique n’est nécessaire.
- La version 1.0 est l’email classique, qu’on utilise avec Mozilla Thunderbird ou ms-outlook (les messages sont stockés sur votre ordinateur). Vous devez avoir une connexion internet pendant l’envoi et la réception de vos messages, mais c’est tout. Entre temps vous pouvez être déconnecté du réseau tout en continuant à lire ou écrire vos messages.
- La version 2.0 c’est Gmail de Google ou Live de Microsoft. Les messages restent dans le cloud, et sont consultables de n’importe où (domicile, boulot, déplacement), sur tous supports (PC, smartphone, etc.). Il faut en permanence être connecté à internet.
Il y a une progression pratique indéniable, qu’on peut apprécier, regretter ou simplement accepter. Mais elle n’est pas sans conséquence, il faut en avoir conscience pour prendre une décision éclairée. Et c’est pareil pour beaucoup d’autres services : Uber, AirBnB, etc.
Le 1er inconvénient des services comme Uber, c’est qu’ils ne sont pas anonymes, contrairement à un taxi payé en liquide, en cash. Précisons un peu :
- Quand vous prenez un taxi en le hélant dans la rue, le chauffeur ne sait pas qui vous êtes, il ne connait pas votre numéro de téléphone ni votre adresse. Si vous le payez en liquide (à l’opposé d’un chèque ou d’une carte bancaire), les seules choses qu’il connait de vous sont : votre visage et votre trajet (adresses et heures de départ et d’arrivée).
- Par contre, quand vous utilisez Uber, cette société a beaucoup plus d’informations vous concernant : toutes celles que vous avez saisies dans votre profil utilisateur : nom, prénom, adresse email, téléphone, moyen de paiement, etc. mais aussi l’historique complet et détaillé de vos déplacements.
Non seulement ces sociétés possèdent énormément d’informations vous concernant, mais en plus elles ne communiquent quasiment pas sur la rétention et l’usage qu’elles en font. Quand elles le font, vous n’avez généralement pas le choix que d’accepter la totalité des conditions, ou de ne pas utiliser du tout leur service. Leur politique de rétention des données est souvent floue, rarement comprise par les utilisateurs.
Des lois existent en France pour réguler la collecte et le traitement des informations personnelles, et la CNIL est là pour protéger les citoyens. Mais nous n’avons aucune garantie qu’une entreprise, qu’elle soit française, étatsunienne ou chinoise, supprime bien nos informations à notre demande. Le mieux est donc de ne pas les collecter dès le départ.
J’estime qu’il faut rendre obligatoire une situation intermédiaire, où c’est l’utilisateur qui décide des informations qu’il veut bien communiquer, et de l’usage qui peut en être fait. Cela peut éventuellement mener à des tarifs différents, mais au moins cela mettra bien en évidence la valeur de nos informations personnelles. Tous les services dits « numériques », « 2.0 », « apps », etc. doivent proposer un mode d’utilisation anonyme.
Une telle demande relève-t-elle de la paranoïa ? Car après tout, si nous ne faisons rien de mal, nous n’avons rien à cacher, pas vrai ? Rien n’est plus faux, nous avons tous quelque chose à cacher. Je ne vais pas développer ce sujet ici, voyez plutôt ce site web : http://jenairienacacher.fr/. Vous y trouverez articles, ressources et vidéos expliquant pourquoi il est primordial de protéger votre vie privée.
D’autre part, même si vous avez confiance dans l’entreprise en question, il est tout à fait possible que des entités externes (NSA, DGSI) aient accès aux données, où qu’une fuite arrive pour diverses raisons (erreur, malveillance, vol, incompétence, etc.).
Les entreprises « numériques » sont des ogres d’informations, contre lesquelles l’utilisateur a bien peu de poids. Il est temps de légiférer et de les forcer à proposer un mode 100% anonyme et ne laissant strictement aucune trace pour utiliser leurs services (quitte à payer plus cher).
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